Je suis né à 1500 km de l'Océan : Likasi au Congo. Lors des retour en Europe, nous partions vers le port de Lobito, Angola. Le voyage en train durait 4 jours. Souvent la loco s'arrêtait dans de petites gares; elle s'y réhydratait en chuintant dans le désert. Un cri : "Partita", et le vacarme pyrotechnique reprenait pour quelques kilomètres. Dans la nuit elle fonçait suivie d'un bouquet incandescent d'escarbilles rouges. On en avait plein les yeux. Nous arrivions noirs de crasse.
Un autre voyage commençait sur l'immensité étincelante et inépuisable de l'océan. Passage de la ligne, sous l'égide de Neptune.
Aller à la mer. De Bruxelles à Ostende, un cour trajet d'une heure. On sort du train et déjà on a le pied sur la jetée, avec au bout les remous lents des 32 nuances du glauque du Nord. La mer est là, on pense l'atteindre. Mais elle n'arrête pas de se retirer. L'insaisissable création de motifs éphémères et gratuits nous aspire dans un vide. Rien ne peut être fixé en forme.
Avancer toujours sans jamais se rapprocher, c'est le thème de ce montage d'images qui tisse quatre lignes de travelling avant estompés et décalés.