Monument Ravensbruck

Parc Georges Henri, Woluwe Saint Lambert.

Elaboration du parti d'aménagement spatial

Toute sculpture monumentale existe dans un espace défini, qu'en retour elle modifie subtilement. La mise en place du mémorial doit se penser par rapport au contexte global. Une conscience cosmologique du lieu va de soi : la trajectoire du soleil au rythme des jours et des saisons détermine un aspect essentiel de notre perception, la lumière. Il est sûr également que les objets proches -un arbre, un pan de mur-, par leur masse, leur couleur et leur texture, définiront l'échelle et l'ambiance du lieu et avec plus ou moins de bonheur pour la sculpture.

Presentation du site.

L'aménagement actuel du Parc date de 1987 (architecte Jean-Noel Capart). Le parti en est très orienté vers le jeu des enfants : outre les terrains spécialisés (bacs à sables, pistes de patins et planches à roulettes), il y a la grande pelouse de l'espace central; le chemin principal en fait le tour.
De l'aménagement de détail, nous retenons surtout l'utilisation, pour les chemins, de fragments de pierres tombales, les interstices étant réalisés avec de petits pavés de granit.

Le lieu choisi pour le mémorial est en retrait par rapport à l'espace défini par cette boucle. Il surplombe deux autres " pièces " du parc, le Jardin du Souvenir et le Jardin Classique.

Une plate-forme centrale appareillée suivant le principe des chemins du parc -pierres tombales et pavés- est flanquée de deux aires de boulodrome.

Très présent en arrière-plan, un mur de maçonnerie de briques sombres, dans une composition au classicisme simplifié. L'orientation fait qu'il est rare que le soleil donne vie à ce décor. De l'ensemble se dégage une impression de désolation qui n'est peut-être pas à rejeter d'emblée.

Le parti.
Des entretiens de Thérèse Chotteau avec les commanditaires, nous retiendrons l'idée que le monument est conçu comme un lieu qui sera plus que la sculpture : une grande attention est portée à la qualité de l'aménagement, et à l'ambiance qui devra soutenir le pouvoir évocateur de la sculpture. Ambiance de recueillement et de réflexion, de méditation sur le sens d'une expérience tragique.

Pour communiquer ce sens, trois motifs sont proposés par les commanditaires :

Notre proposition vise à donner à l'insertion de chacun de ces éléments le caractère le plus expressif, et qui convienne le mieux à sa nature profonde.

Une première approche empirique nous amène aux dispositifs suivants :

A chacun des éléments nous voulons associer une forme spécifique :

Et à chacun est associé une matière :

Dans la composition, entre forme, ornement et fond, ces trois matières seront permutées :

L'équivalent graphique de ce tableau :

Nous avons dès lors esquissé l’ordonnance qui a généré notre notre proposition, dont voici les grands traits : La sculpture se trouve au centre, sur l’esplanade. Elle consiste en deux personnage et un socle; le tout en bronze. Le socle est la figuration de la terre du camp. L’interstice entre le sol et le socle est orné d'une bordure végétale.
L’aile de droite est dévolue au texte des lettres écrites de Ravensbruck, gravées sur un socle massif de pierre bleue. Le sol est fait d’une plantation rampante. Le pourtour du socle et son contact vers l’esplanade de la sculpture seront de dolomie, et accessibles au public.
L’aile de gauche est occupée par l’ensemble formé par le parterre de rosiers et l’aire de repos. Le sol est de dolomie, le parterre est surélevé de +/- 45cm, et sa bordure est faite de dallage de pierre bleue . L’extrémité est aménagée en lieu de repos. Le public y trouvera deux bancs traités dans le même esprit que le parterre.


Monument Ravensbruck. Esquisse 2. Janvier 2000.

Dans la suite de l'élaborartion ce parti a été ramené à une plus grande simlicité formelle, pour des raisons de faiosabilité pratique et de concision expressive. La variable "forme" a été neutralisée, et la géométrie rectangulaire adoptée pour l'ensemble n'en est pas moins heureuse.


Esquisse 4. Principe formel. Novembre 2000.


Monument Ravensbruck. Esquisse 4. Novembre 2000.


Monument Ravensbruck. Esquisse 4. Perspective. Novembre 2000.

La sculpture.

Le motif principal de la sculpture est un groupe de deux personnages, une prisonnière et une enfant. Ils évoquent la dignité et la fragilité, l’appui mutuel dans l’oppression. En contrepoint le sol, usé et boueux, figure l’univers désespéré des camps. Il est plus qu’un socle, c’est une partie essentielle de la sculpture. L’ensemble est posé sur un socle de +/- 30cm de hauteur, en pierre bleue. Il porte une inscription rappelant le thème du monument : « Aux prisonnières politiques 1940-1945».


Monument Ravensbruck. Octobre 2000.

Le texte.

Le texte est la trancription (partielle) d’une lettre écrite par Marguerite Bervoets, prisonnière à Wolfenbüttel, la veille de son exécution en 1944. Il est porté sur un volume massif de pierre bleue.

Les roses et les bancs.

L’aile Est du site s’organise autour d’un grand parterre de roses choisies par le comité Ravensbruck, et dont les appellations évoquent la lutte des résistantes. Les éléments architecturaux formant cadre autour des roses sont en pierre bleue et sont posé sur un fond de dolomie semblable à ce qui se trouve à proximité dans le parc. Au-delà du parterre un espace de conversation est entouré de trois bancs.
L’un est la bordure du parterre élargie, et ne comporte que l’assise. Au mur Est, faisant donc face au Sud-Ouest s’adosse un banc dont la largeur de l’assise est celle du parterre. Par un jeu de fausse perspective, le dossier est plus court; on évite ainsi un effet de fermeture de l’espace.

retour au haut de la page