DRAPEAUX, texte
La Nostalgie des Rivages 1 : le Vague à l'âme.
(Sept marines urbaines.)
Nous avons eu l'occasion, ces derniers temps en Belgique, d'observer de spectaculaires éruptions d'identification tribale.
D'un côté, les Flamands se demandent pourquoi leurs compatriotes de la périphérie bruxelloise devraient continuer à supporter le voisinage de gens qui impunément parlent, lisent, s'affichent dans une langue qui n'est pas celle de la Flandre où ils vivent ? Vieux rêve d'une identité du territoire et de la communauté culturelle, de part et d'autre du miroir de l'expérience subjective d'une Heimat totalitaire.
La Nostalgie des Rivages 2 : la Terre chérie.
(Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse - Détail et modification.)
Côté francophone, on nous invite à répondre au nationalisme flamand par une sentimentalité nationaliste d'apparence bénigne, mais fondamentalement et potentiellement aussi malsaine. Chez les défenseurs de la Belgique de papa, on tente de ressusciter le vieux mythe encore plus pourri de la fusion des trois tribus Bruxelloise, Flamande et Wallonne dans l'amour du drapeau belge. Au moins le nationalisme flamand, lui, repose sur un facteur identitaire réel, la langue.
Rêves ridicules que tous ces nationalismes ! Si la Belgique est en paix, au contraire d'autres contrées où les différences communautaires se règlent par une violence incessante, c'est qu'une tradition politique machiavelliene a su mettre au frigo ces obsessions communautaires. La politique belge, c'est cela : des compromis qui ne comblent pas le désir enfantin d'un monde sans équivoque, et des machineries institutionnelles sans doute opaques, mais qui permette à chacun de poursuivre les buts qui l'intéressent vraiment dans la vie : travail, famille, art, littérature, etc. Quand va-t-on évacuer du débat politique ces balivernes idéologiques pour s'occuper des vrais problèmes : sociaux, économiques, culturels ? Vive le réalisme politique qui fait la différence entre le sens de l'état et la sensibilité tribale.